Washing Machine
Le projet était prévu de longue date : dès le début de l'année nous avons travaillé à la conception d'un site internet tournant autour de la machine à laver, un sujet au combien passionnant ( sentez la dérision dans mon ton ) . Je pense que je ne suis pas le seul à avoir été refroidis par cette approche qui finalement ne laissait en rien présager le fun que ce projet pouvait comporter .
On a débuté, un lundi matin, en compagnie de Jean-Noël Montagné, sur un petit aperçu des différents contextes sociaux et économiques entourant la pratique du lavage des vêtements à la main dans les pays sous-développés . S'en est suivie un discours sur la notion de copyleft, le concept d'Open-Source qui est la démarche même du projet .
Pour en savoir plus c'est ici .
On est censé se diviser en trois groupes différents :
-Les low tech ( sans utiliser des technologies "élaborées" )
-Concept intermédiaire ( allier le low et le high )
-High-tech
Je choisis le groupe des low tech car je trouve la démarche beaucoup plus pertinente par rapport à la démarche et surtout plus amusante .
En effet, Caroline MAFFEI a eut l'idée d'un concept de machine qui garderai l'aspect sociale et communautaire de la pratique en le transformant en divertissement : une machine qui fonctionnerai en dansant dessus .
Mari-Lou ( Milou pour les intimes ) et Angélique ( Angie ) et moi-même avons de suite adhéré au concept puis Yumi, Yoonju et Heyjin . D'autres nous rejoindront par défaut ou par choix ...
Bref, nous voilà à réfléchir à une armature, à un système qui pourrait supporter nos poids respectifs ( bon okay : à supporter MON poids - pars se cacher dans un coin en sanglotant -)
De l'étude des scènes du théâtre No aux idées les plus saugrenues, nous voilà arriver à la conclusion que le bambou sera notre matériau de base ( remplissant les critères de solidité, et de facilité d'accès : Hoho ! Que l'on a été présomptueux ...) .
Une petite étude sur la présence du bambou et de ses différents espèces à travers le monde plus tard, nous voilà partis à la recherche de bambous !
Et là ... le projet se transforme en mission secrète !
Nous savons où trouver des bambous mais ils se trouvent dans un parc public aixois où nous n'avons sûrement pas le droit de venir couper pour "faire notre marché" .
Ni une ni deux, à 1h du matin, après un orage ( vive la gadoue ! ), Caroline, Angie et moi partons en excursion ( Milou n'ayant "pas était élevé comme ça" ^^) avec des petites scies ( quand je dis petites c'est ridicules : des lames de couteaux électriques ). Et couper un bambou aussi maigrichon soit-il avec ce genre d'instrument et avec pour seule lumière une lampe dynamo et bien c'est pas évident !
Néanmoins nous revenons avec 6 bambous ( que je porte seul car vraiment misérables )
Le lendemain, enivrés par l'esprit de groupe nous revoilà repartis avec de vraies scies cette fois et ... tenez-vous bien ... avec Milou !! ^^
Et là, nous tombons au paradis des bambous ! Je ne sais plus combien on en a coupé ( une trentaine je dirais ... ) mais ce fût un très bon moment !
L'acheminement jusqu'à l'école a été focklorique : par groupe de deux, nous portons 5 à 6 bambous ( qui faisaient + de 2m et n'étaient pas fins comme ceux de la veille ) à travers Aix . Autant dire que l'on a traversé la ville de part en part sous le regard toujours surpris des gens que l'on pouvait croiser . Ca a été long et périlleux ( je ne parle pas pour moi ^^) mais nous y sommes arrivés !
On avait également emmené les feuilles ( avec la voiture de Delphine cette fois-ci : faut pas pousser ) pour tisser nos bambous entre eux afin de confectionner une sorte de radeau de bambous assez solide pour que l'on puisse danser dessus .
Nous avons ensuite acheté de gros pots de fleur que l'on a accroché à chaque extrémité de notre "radeau", faisant office de tambour pour les vêtements ( avec un ingénieux système de sac poubelle et de roue de vélo ^^).
Une petite performance plus tard, on a estimé que le poids maximum est de 140 kilos sur le radeau et qu'il fallait 1/2 heure de rythme endiablé pour laver le linge ( le jean de Caroline, plein de boue de notre fameuse excursion nocturne est ressortis tout propre ! )
Bien sûr certaines choses sont à revoir : la stabilité de la chose n'est pas des plus satisfaisante (des trous dans le "radeau" ) et ce malgré la présence d'un tapis qui au contraire ( à mon sens : les avis sont partagés ) rendait l'exercice plus périlleux encore car glissant .
Néanmoins ça reste un excellent souvenir avec une bonne émulation de groupe et je soutiens que notre principe est peut-être celui qui est le plus en adéquation avec l'aspect social et culturel du projet et qui remplis le mieux les conditions d'implantation et d'adaptaion dans le "tiers-monde" et ce en transformant la corvée en l'amusement, en distraction ( activité qui manque cruellement aux femmes des pays sous-développé ) .
Une très bonne expérience !